La fin de l'idylle entre l'UOIF et Sarkozy
La fin de l'idylle avec Nicolas Sarkozy
par Xavier Ternisien
Début mai, juste après le grand rassemblement du Bourget, le site musulman saphirnews.com titrait : "L'UOIF lâche Sarkozy". L'auteur de l'article soulignait un "changement de ton et de discours de la direction de l'UOIF à l'égard du ministre de l'intérieur". Il en voulait pour preuve le texte lu à la tribune, au Bourget, le 6 mai, par le vice-président Fouad Alaoui, dans lequel celui-ci critiquait les déclarations de Nicolas Sarkozy sur l'immigration.
Ainsi s'achevait une idylle commencée en 2002, avec l'arrivée de M. Sarkozy au ministère de l'intérieur. Celui-ci pensait sans doute trouver, alors, dans l'organisation musulmane un relais d'influence efficace. L'UOIF, de son côté, appréciait les bonnes paroles du ministre sur les religions et sa vision conservatrice de la société française. L'idylle entre le ministre de l'intérieur et l'UOIF avait culminé le 19 avril 2003, lorsqu'il s'était rendu au Bourget. Lhaj Thami Breze avait déclaré à cette occasion : "Nous recevons un ami, que nous avons découvert et qui nous a découverts."
Les jeunes musulmans, qui constituent une large part du public des rassemblements de l'UOIF, n'ont pas accepté ce rapprochement avec le ministre de l'intérieur. Ils reprochent à l'organisation de s'être notabilisée, de ne plus être assez engagée en faveur de la cause palestinienne, de ne pas s'être opposée avec assez de force à la loi sur le foulard à l'école. Dans une tribune publiée le 25 avril 2005 sur le site oumma.com, Yamin Makri, membre du Collectif des musulmans de France (CMF) et proche de Tariq Ramadan, s'en prenait aux "nouveaux notables de la République (...) qui multiplient les arrangements, accords et compromissions" et qualifiait les responsables de l'UOIF de "conservateurs petits-bourgeois". Peu après, le 29 juin 2005, Farid Abdelkrim, ancien président des Jeunes musulmans de France (JMF), annonçait qu'il démissionnait du conseil d'administration de l'UOIF. Il était pourtant le seul musulman de la deuxième génération à siéger dans cette instance.
Les propos de Nicolas Sarkozy sur la "racaille" pendant la flambée de violence dans les banlieues, à l'automne 2005 ont encore creusé le fossé avec la jeunesse musulmane. De leur côté, les dirigeants de l'UOIF constatent que la reconnaissance de la religion musulmane n'est plus une priorité pour le ministre de l'intérieur même si, lors du dernier rassemblement du Bourget, le 6 mai, des élus UMP étaient présents.
Sources : Le Monde
Posté par Adriana Evangelizt