Bourrage des urnes, la tentation bushiste de Sarkozy ?

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Alors nous posons cet article qui nous a interpellé car oui, nous avons déjà pensé que pour arriver à son but, il pourrait y avoir un trucage électoral. Nous n'avons certes pas les machines à voter électronique comme aux USA dont les deux dernières élections ont été truquées à cause de cela mais il ne faut surtout pas qu'on nous force à  en avoir. Sarko doit y penser pour sûr...

 

Bourrage des urnes :

la tentation "bushiste" de Nicolas Sarkozy ?

Cspcc.com dédie ce billet aux 55% de Français inquiets par Nicolas Sarkozy [1].

- Ainsi donc Nicolas Sarkozy a mis fin avant la pause estivale au faux suspense savamment entretenu par ses proches depuis "l’affaire Clearstream" [2] : il restera bien au gouvernement, au moins jusqu’en janvier 2007 et peut-être bien jusqu’à l’élection elle-même [3], pour "finir le travail" selon ses propres termes.


- Mais de quel travail s’agit-il ? Osons ici d’emblée une hypothèse audacieuse, mais néanmoins longtemps mûrie sur l’autel de la vraisemblance. Et si Sarkozy profitait de sa position (de ses positions plutôt) au coeur de l’Etat, pour truquer le résultat de l’élection présidentielle française de 2007 ?


On entend déjà d’ici les railleries face à notre inquiétude, que les esprits les moins en proie au doute auront vite fait de brocarder, en la réduisant à un tissu stérile de délire paranoïaque. Et pourtant, si on prend la peine de poser à plat les différentes évolutions en cours, l’idée apparaît plausible, et c’est le but de cet article de tenter de l’expliquer, et sans chercher à convaincre à tout prix, de créer le débat [4] (y compris avec les plus fieffés sarkozystes) sur cette éventualité -la confiscation de la démocratie- sur laquelle personne n’a rien à gagner.

Tout d’abord, posons en préambule le fâcheux précédent états-unien. Fâcheux car la patrie de Jefferson fût pendant près de deux siècles la réprésentation archétypale de la démocratie. Fâcheux parce que cela fait deux élections présidentielles maintenant que les urnes y ont été bourrées, par mutliplication de procédés divers -de l’invalidation d’électeurs à la surreprésentation d’autres, du non-respect des horaires d’ouverture des bureaux de vote aux bidouillages informatiques et autres contestations en Justice de résultats, en passant par l’arbitrage final d’une Cour suprême toute acquise à un des candidats en lice- permettant l’accession au pouvoir suprême d’un George W. Bush (et dans son sillage d’une clique de criminels en col blanc fanatiques) dont on commence à connaître le pitoyable et dangereux bilan pour l’ensemble de la planète. On l’a vu, des contestations d’Al Gore aux manifestations citoyennes, un pouvoir illégitime s’est emparé de l’éxecutif de la première puissance mondiale, manipulant ensuite son opinion pour justifier cet incroyable coup d’Etat, pour lequel tout l’art des usurpateurs a justement été, grâce à la complicité médiatique d’un règne du faux à toute épreuve, de réussir à le rendre "croyable", à défaut de le rendre crédible. Alors certes, le système électoral états-unien n’est pas le système électoral français, certes nous n’avons pas chez nous de système fédéraliste de "dernier Etat arbitre", qui facilite le travail de bourrage [5], certes, nous n’avons pas autant de machines à voter sorties d’un autre âge ... Mais ce préambule états-unien doit juste nous rappeler que le bourrage des urnes est possible chez nous, puisqu’il a été éprouvé -par deux fois- dans la plus grande démocratie du monde (qui au passage a perdu son statut de démocratie, cela va de soi ), à deux reprises, et que le cynisme de professionnels aguerris de la politique n’hésite pas à prendre le pouvoir en truquant les résultats.

Les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas la France, c’est vrai. Mais Nicolas Sarkozy a pour modèle les Etats-Unis d’Amérique, et l’intelligente clairvoyance de l’efficacité politique la plus basse, celle de la démagogie, de la peur, de la surenchère sécuritaire, de la gesticulation médiatique stérile, qui consiste à créer/orchestrer des problèmes pour mieux se poser en garant de leur résolution (résolution, si on y pense, qui ne vient jamais, puisque finalement, ces problèmes assurent la pérennité du fauteuil de l’intéressé).

Nicolas Sarkozy par ailleurs, nous inquiète fortement également de par son tempérament. Depuis 2002, année du retour aux affaires d’un gouvernement chiraquien (dont quoiqu’il en dise, Sarkozy est un pur produit), et alors qu’il est passé par plusieurs portefeuilles ministériels et a pris les rênes du parti de la majorité, Nicolas Sarkozy s’est tout naturellement retrouvé au coeur de plusieurs intrigues et cabales politiques de haut rang, dont l’affaire Clearstream n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. En soi cela ne nous étonne guère, habitués que nous sommes des "magouilles", des "affaires" et des rivalités -intestines ou non- habituelles à ce sommet de l’Etat. Mais dans le cas de Nicolas Sarkozy, nous avons plutôt relevé un tempérament. Celui d’un homme avide, résolu à tout faire pour parvenir à ses fins, habitué au fur et à mesure qu’il accumulait les pouvoirs à supprimer sans pitié les gêneurs ou opposants. Encore une fois, de nombreux hommes d’Etat sont ainsi, soit. Mais dans le cas du petit Nicolas, cela se double d’une personnalité totalitaire, intransigeante, colérique, rageuse. Les témoignages d’une telle personnalité ne manquent pas, émanant le plus souvent de hauts fonctionnaires, de militants ou d’hommes politiques, et très habilement noyées par l’intéressé sous un flot d’images de propagande, complaisamment relayées par des médias trop heureux de servir un homme qui leur amène -de façon garantie à chaque fois- tant d’audimat.

Cette ambivalence typiquement sarkozyste d’un autoritarisme réel dissimulé derrière un rideau médiatique d’homme ouvert, on l’avait relevée, précisément sur la question électorale qui nous inquiète, lors du retour de Nicolas Sarkozy à la place Beauvau en mai 2005. A cette époque, l’intéressé l’avait clamé haut et fort : il ne tenait en aucun cas à s’occuper du charcutage en cours du calendrier électoral pour 2007 . Cette position nous avait interloquée en ce sens qu’elle émanait d’un ministre ayant plutôt naturellement tendance à s’occuper de tout (y compris des dossiers des autres). Or, sur ce dossier relevant en toute logique du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy avait botté en touche, laissant finalement Dominique de Villepin annoncer en juin la mesure échafaudée à grand peine par Jean-Pierre Raffarin. Une volonté farouche de ne pas associer son nom à une modification du calendrier électoral ? Si oui, pourquoi donc ? Pour ne pas attirer l’attention sur une éventuelle manoeuvre concernant ces scrutins de 2007 ?

La question de la personnalité fascisante de Nicolas Sarkozy nous amène à une autre interrogation, en rapport avec l’échéancier que l’homme s’est choisi pour "courir" sa campagne présidentielle. Pour le scrutin de 2007 indubitablement, il est assurément le candidat potentiel parti le plus tôt en course. Plus avant, de toute l’histoire de la Ve République, on n’a sans doute jamais vu un "poulain" commencer à trotter si loin de la ligne d’arrivée. En se positionnant contre Jacques Chirac dès 2003 (à partir du célèbre "et pas qu’en me rasant" prononcé lors d’une émission "100 minutes pour convaincre", puis avec sa prise de l’UMP fin 2004), Nicolas Sarkozy a joué une partie difficile à tenir (car il faut assumer la durée), mais hautement nécessaire à cet homme qui devait encore rallier à l’époque une grande partie de son propre camp, la Chiraquie.

La stratégie de Nicolas Sarkozy a alors été de se positionner dans les esprits de tous bords comme étant le "futur président de la République potentiel" , le seul. En l’absence de tout autre candidat attendu, il a réussi ce tour de force talentueux (en termes de stratégie politique) à s’imposer dans les esprits comme étant le futur maître du pays. Lui permettant ainsi de se constituer une horde d’obligés (politiciens, journalistes, hauts fonctionnaires, magistrats, policiers, agents économiques...) avant l’heure, tous soucieux de récupérer après 2007 les subsides et renvois d’ascenseur qu’ils s’imaginaient déjà larges. La stratégie a réussi au-delà des espérances, permettant à Nicolas Sarkozy de réduire la Chiraquie, de bénéficier de largesses incroyables de la part de médias lui façonnant un costume sur-mesure de sauveur du pays, et d’engranger -impossible de le nier - une popularité qu’il n’avait jusque là jamais connue chez les pauvres hères de "la France d’en-bas", déboussolés par un monde violent, persuadés qu’une "contre-violence" est nécessaire.

Nicolas Sarkozy a su devenir le nombril d’une politique française en perte de repères après un 21 avril 2002 ayant fait date. Notre interrogation donc, la voilà : au vu de sa personnalité initiale, au vu de la place qu’il a réussi à occuper sur la scène intérieure, au vu de l’émulation qu’il a réussi à créer autour de sa candidature, comment Nicolas Sarkozy pourrait-il maintenant accepter de perdre le scrutin de 2007, de perdre la face, face au pays, face à plus de 60 millions de Français à qui il a réussi à faire croire, y compris à nombre de ses opposants les plus farouches -qui pour les plus radicaux rêvent qu’il y arrive afin d’en découdre- qu’il serait, indubitablement, le prochain président élu de tous les Français ? Certes, il est un habitué des "vestes" électorales, mais celle-ci serait une gabardine doublée, version pôle Nord. Sarkozy, qui a fait naître autant d’espoirs de "rupture" chez ses partisans et suscité autant de dégoût chez ses opposants, est-il seulement capable d’assumer une telle humiliation, une telle défaite ? Est-il capable de se contenter de s’assoir définitivement comme candidat naturel de la "droite" en 2012 en perdant démocratiquement en 2007 ? [6] Celui qui devant des militants surchauffés a, il n’y a pas si longtemps que ça, déclaré qu’il nétait pas besoin du parti socialiste , est-il seulement capable d’envisager de perdre en 2007 ?

Parce que voilà : tout laisse penser que Nicolas Sarkozy risque de perdre en 2007... Ce que même d’éminents éléments de l’UMP réalisent désormais, à l’instar de Nicolas Dupont-Aignan [7], certes lui aussi candidat déclaré à la présidentielle... Sans vouloir ici anticiper le résultat de l’élection présidentielle à venir, il est quand même des signes tangibles annonciateurs d’un désaveu électoral du parti de la majorité qui n’a de populaire que le P, et qui depuis les élections régionales de 2004, est resté clairement coupé du pays réel dans sa politique qui consiste principalement à servir des intérêts catégoriels de niche.

Ayant disposé entre 2002 et 2004 d’une concentration des pouvoirs jusqu’alors inédite sous la Ve République, avec tous les leviers de commande à disposition, l’UMP pilote le pays -certes sans les régions depuis 2004- sans contrainte aucune, et va connaître en 2007 le phénomène bien connu de tous les spécialistes des élections : l’usure du pouvoir. Sans pitié, le peuple de France a toujours tendance à jeter le bébé avec l’eau du bain [8]. Et après les crises que le pays a connu depuis 2002 (prenons le 21 avril comme première crise structurelle visible, qui risque bien de façonner largement les comportements de vote des Français, électeurs de "gauche" en premier lieu), les voix s’engrangent contre les membres du gouvernement, quels qu’ils soient [9], et contre Nicolas Sarkozy en particulier. Son absence totale de bilan lors de son passage à Bercy, la crise des banlieues qu’il a orchestré à ses risques et périls, en ressortant largement co-responsable aux yeux des observateurs, la crise du CPE dont l’intensité l’a même incité à ruer pour s’en dépêtrer, l’affaire Clearstream l’ayant montré sous son jour le plus manipulateur... ne sont que quelques exemples parmi les plus marquants pour l’opinion. Avec au passage, la perte de bénéfices qu’il avait obtenus pendant sa course de fond quand il était encore seul sur l’hippodrome, et une hémorragie d’électeurs potentiellement piqués à la gauche (l’épisode des violences urbaines, avec envolées fascistes et racistes et rétablissement de la double peine), au Front National (l’épisode Clearsteam au bon fumet de "politiques de l’établissement tous pourris") ou même séduits chez lui (l’épisode du CPE, où il ne montra aucun scrupule à renoncer à ses idées et à torpiller son camp pour son avantage personnel). Bref Sarkozy apparaissait bien parti tant qu’il était seul sur l’hippodrome, mais l’irruption de nouveaux présidentiables lui porte largement préjudice en autorisant la comparaison [10], et comme dit la tortue : "Rien ne sert de courir, il faut partir à point".

De quelques outils disponibles pour bourrer subtilement

 

Nous avons évoqué jusqu’ici plusieurs choses : l’aspect en pratique réaliste d’un bourrage d’urnes dans une grande démocratie mature, le tempérament totalitaire et orgueilleux de Nicolas Sarkozy, son engagement anticipé et investi dans la campagne présidentielle qui alourdira son humiliation en cas de désaveu des urnes, et sa forte probabilité de perdre. Autant d’éléments subjectifs que des sarkozystes patentés contrediront avec sincérité, en expliquant que les scrutins présidentiels etats-uniens étaient exemplaires, en nous opposant que Nicolas Sarkozy est d’un naturel ouvert à l’autre, au dialogue et largement habitué à s’auto-critiquer et se remettre en cause, qu’il n’est pas encore en campagne mais que cela n’empêche pas que sa victoire est largement prévisible, tant les Français n’attendent que lui pour redresser le pays...

En conséquence, concentrons-nous donc maintenant sur des éléments objectifs  : ceux dont dispose le ministre de l’Intérieur / président du parti majoritaire / candidat à la présidentielle de longue date... et qui pourraient lui servir à forcer le destin.

**** La panoplie dont dispose le ministre de l’Intérieur, constituée d’organes d’Etat, est en soi considérable, touchant à la logistique même du scrutin  :


- Les maires, employés de mairie et assesseurs citoyens (ces derniers souvent issus des partis en lice) organisent la logistique de terrain. Ils dépouillent et enregistrent les résultats, qu’ils transmettent aux préfectures.


- Les chefs de cabinets et hauts fonctionnaires du ministère, les préfets et fonctionnaires des préfectures organisent, coordonnent et valident l’ensemble des opérations de vote. Ils enregistrent le remontée des résultats.


- Les Renseignements Généraux recueillent et transmettent les intentions de vote estimées, les sondages "sorties de l’isoloir" avant-scrutin, et pendant-scrutin. [11]

 

**** En outre, Nicolas Sarkozy a mis en coupe réglée les principaux organes d’opinion touchant au compte-rendu du scrutin :


- Les médias dominants [12] sont tous acquis à sa cause, à commencer par le plus important d’entre-eux, l’AFP, qui diffuse sa prose à l’ensemble des autres titres, et qui est dirigée depuis fin 2005 par un sarkozyste notoire .


- Les principaux instituts de sondage sont tout aussi favorables au président de l’UMP, à commencer par l’Ifop de Laurence Parisot , que Nicolas Sarkozy a soutenu (contre son propre frère Guillaume Sarkozy !) à la présidence du Medef.


- Par ailleurs, l’UMP a pour chef de la propagande Manuel Aeschlimann , maire d’Asnières rompu à l’exercice du procès (et autre méthodes plus scabreuses) pour faire taire les voix dissonantes à faibles moyens de défense (typiquement : les blogueurs ).


- Enfin, l’opinion étant façonnable par à peu près toute personne disposant d’une tribune médiatique, ils faut ajouter aux "leviers" de Nicolas Sarkozy, les sarkozystes de tout poil, ce que personne ne songerait à reprocher à l’intéressé d’ailleurs...

 

**** Par ailleurs, si bidouillage doit avoir lieu, il se fera inévitablement via une manipulation de transaction informatique, au sein du système d’information du ministère de l’Intérieur :


- On ne peut alors s’empêcher de s’interroger sur la rencontre à huis clos du 24/10/2005, entre un Nicolas Sarkozy à ce moment redevenu ministre de l’Intérieur et Bill Gates, l’emblématique créateur de Windows, qui en détient toutes les clés. Rencontre confidentielle en ce sens que si l’objet officiel des échanges entre les deux hommes avait été révélé à la presse (la criminalité sur le Net),
aucun compte-rendu de la rencontre n’a jamais été détaillé . L’Etat français s’étant largement converti à Windows (ses armées comprises, mais ceci est une autre histoire), on espère simplement que l’homme le plus riche du monde n’a pas livré à notre petit ministre -ce jour là ou un autre plus discrètement- la recette d’un bidouillage sans traces sous Windows...

- De même apparaît sous un jour intéressant la primaire, interne à l’UMP, qui a imposé le choix de Françoise de Panafieu pour se présenter à l’élection à la mairie de Paris en 2008. Un scrutin entièrement opéré par l’UMP, largement entaché de soupçons de manipulation/trucage des opérations de vote, y compris (et surtout) au sein de l’UMP [13]. A cspcc.com, on ne peut s’empêcher de penser à une sorte de "répétition grandeur nature", en conditions réelles, d’une opération maîtrisée de "bourrage" électoral [14]...

La patrie des doits de l’homme sombrera-t-elle du "côté obscur de la force" ?

 

Nicolas Sarkozy a déjà le pouvoir [15], et est désormais en quête d’une seule chose : la légitimité. Ce qui nous fait craindre qu’il n’hésiterait pas à forcer son destin quoi qu’en pensent les Français. A ce stade de la réflexion, il n’est pas question pour autant d’asséner que tout est déjà écrit. Qu’une bande de factieux ayant pénétré tous les rouages de la République française -les "sarkozystes"- a déjà tout planifié, à la virgule près, pour opérer un coup d’Etat feutré, grimé sous des apparences démocratiques... On pose simplement une question : vers quel lendemains s’orientent les grandes démocraties actuelles ? Et en tentant de répondre, on voit arriver un "scenario réaliste" plutôt sombre, où, règne du faux aidant , un homme se verrait sacré en France, contre l’avis du peuple souverain. Imaginons un peu le pire, "notre" pire...

L’opération parfaite se ferait en trois temps : imposer Ségolène Royal en challenger de second tour, obtenir un résultat quasi indépartageable, sortir le rouleau compresseur institutionnel et médiatique pour s’imposer. Viennent ici deux grandes hypothèses de second tour des présidentielles 2007. Un duel Sarkozy - Le Pen (un remake de 2002, ou plutôt la suite de l’épisode tout simplement [16]), ou un duel Sarkozy-Royal (hypothèse déjà largement crainte et dénoncée par les militants de "l’ultragauche"). La première, si elle ouvrirait certes un boulevard arithmétique au président de l’UMP (comme Chirac et ses 83% en 2002), créerait assurément une onde de choc sociale conséquente, qui enflammerait le pays au point de gêner considérablement Sarkozy (et tout pouvoir gouvernemental, ou prétendant à l’accession à ce pouvoir) dans ses opérations vers l’Elysée, et finalement de ne pas lui donner -bien au contraire- la légitimité dont il est en quête, qui est finalement la seule chose qui lui manque aujourd’hui.

Donc finalement, depuis l’expression la dernière fois de notre crainte que Sarkozy avait intérêt à privilégier un face-à-face avec Le Pen, il apparaît maintenant qu’il serait plutôt de son intérêt de disposer d’un second tour face à Ségolène Royal. Il semble d’ailleurs évident que le principal intéressé l’ai compris, ayant largement contribué à placer Ségolène Royal sur orbite présidentiable. A cette heure, qui se souvient comment Ségolène Royal est arrivée à ces sommets médiatiques -si rapidement et sortie de quasi-nulle part- ? Qui se souvient comment la machine s’est emballée juste après que Nicolas Sarkozy ait lâché par trois fois en peu de temps le message que "Ségolène Royal est une candidate honorable, respectable et qui mériterait tout à fait de courir en finale, qu’elle est d’ailleurs de la même trempe que Nicolas lui-même, de ces personnalités riches et atypiques au sein même de leur camp..." [17] Mme Royal a largement profité d’un "coup de main initial" de M. Sarkozy, qui lui a mis le pied à "l’étrier médiatique" : il lui a suffi de distiller un message discret (pour l’opinion) et limpide (pour les chefs de rédaction) : Ségolène Royal *doit* aller au second tour.

Et le second tour *doit* de préférence être le plus serré possible [18]. Ce que distille Nicolas Sarkozy depuis plusieurs mois. [19]. Ce que les médias relayent [20], afin d’acculturer la France à l’idée d’un résultat quasi indépartageable (lire notre encadré-fiction). Ce n’est d’ailleurs plus une surprise pour personne, tant ce genre de bisbille électorale se produit de plus en plus fréquemment dans les démocraties vieillissantes, aux Etats-Unis (avec des dépouillements relevant du mauvais gag, mais menant hélas à la confiscation du pouvoir légitime comme nous l’avons vu en introduction), en Allemagne (aboutissant, parce que les Allemands ont une culture qui le permet, à un gouvernement dit de "grande coalition", aujourd’hui paralysé et impuissant à gouverner vraiment), en Italie (où le facho a été évacué, s’accrochant pathétiquement aux restes de son imposture [21]), et plus récemment encore au Mexique, où la "gauche" tient toujours la rue dénonçant une fraude électorale...

En 2008 aux Etats-Unis (là où des universitaires renommés crient à l’aide, en appelant désormais à la communauté internationale pour qu’elle envoie des observateurs pour superviser le déroulement des élections ), George W. Bush laissera-t-il la place [22] à Condolezza Rice dans son sillage ?... Les tensions géopolitiques mondiales continueront-elles à dans le mauvais sens, les massacres de civils à se perpétuer, les ressources vitales à se raréfier... La France aura-t-elle basculé dans le sarkozysme pour contribuer au désastre ?... Est-ce possible que cela se passe comme ça ?! A ce jour, nul ne peut le prédire. Mais ce qui est sûr, c’est que quand la démocratie se trouve confisquée par le bourrage des urnes, la solution de l’insurrection devient hélas légitime...

Vers un 50/50 indépartageable ?


Petite fiction-prédiction à deux sous

 

Personne ne s'étonne vraiment, le soir du 2e tour, quand on apprend que le résultat est très serré. Pour la première fois dans l'Histoire de la Ve République, les medias ne sont pas en mesure de donner à 20 heures des résultats considérables comme invariables. A 20 heures donc, les présentateurs assènent des avertissements en ce sens, à grand coups de "sensationnel", "inédit", "du jamais vu" ou encore à base de "Voilà, je vous rappelle donc que ces résultats sont à prendre avec toutes les précautions qui s'imposent : il n'est pour l'heure pas possible de départager les deux candidats", "bien entendu, nous vous donnerons les confirmations officielles dès que nous les recevrons de la place Beauvau", etc. Déjà, l'émotion permet de faire en sorte que personne ne réalise que Ségolène Royal aurait dû l'emporter assez largement face à Nicolas Sakozy (pour les raisons que nous avons déjà évoquées). Sous le coup du pic d'info-spectacle que sont devenues les élections présidentielles en France, et après un premier tour qui a vu l'hydre frontiste jouer plus que jamais le rôle d'arbitre ultime, d'aiguillon omnipotent des débats, chacun ne parle plus que de ce score tellement serré que c'en est incroyable. Les spécialistes auto-proclamés officiels (c'est à dire ceux adoubés par l'intelligensia sarkozyste précitée) se disputent tous leur ticket sous les spots, et personne n'entend les quelques voix fluettes d'esprits universitaires marginaux, qui tentent d'expliquer que ce résultat n'est pas logique vis-à-vis de l'opinion électorale mesurée dans le pays. Cspcc.com bat son record de visites quotidiennes sur sa brève "Le coup d'Etat est (quasi officiellement) confirmé"...

Car la logique de l'info-biz, elle marche à plein. Les systèmes d'information se battent les uns les autres, les "pro-Sarko" contre les "anti" (s'appelant parfois aussi eux-mêmes "indépendants"). Le combat des dépêches se joue au volume d'info brute balancée à jet continu dans les cerveaux... Une cacophonie médiatique durant entre 15 jours et 1 mois, quelque chose d'important pour sûr. Et l'honneur est sauf : arrive le moment où Nicolas Sarkozy est confirmé, d'abord dans l'opinion qui se lasse, puis à travers la décision d'une autorité indépendante "suprême" de type Conseil Constitutionnel.

A la manoeuvre Sarkozy n'apparaît pas sous son jour habituel, se contentant d'afficher un calme olympien, un sang-froid à toute épreuve, allant jusqu'à répliquer sans sourciller par la plus entière indignation à une question de François Hollande sur sa gestion du service des élections lors de son passage place Beauvau. Tel un W. Bush qui au soir de la proclamation de sa "victoire" en 2004, posait tranquillement en famille à la Maison Blanche face à la télévision, un drink à la main [23] , il reste d'une courtoise et d'une galanterie à l'épreuve des balles vis-à-vis de sa challenger, qui elle perd le "combat de l'opinion", en s'enferrant dans la contestation -à raison peut-être mais au bout de 15 jours l'opinion en a marre- au point de devenir la mauvaise perdante du jeu démocratique (d'ailleurs tous les sarkozytes prétendants à Matignon ne cessent de le répéter : voilà le vrai visage de Ségolène Royal !). Au final, Nicolas Sarkozy enfourche d'un coup d'éclat (ou d'Etat ?) le destrier élyséen, proclame l'état d'urgence, demande une majorité et lance sans même attendre de l'avoir obtenue des réformes dont très vite, tout le monde convient que le pays a impérativement besoin finalement.

Et puis une femme à la présidence de la République, vous pensez que la France n'était pas prête se rassure alors le Français moyen... Un "argument logique" en béton pour le camp sarkozyste.

Nicolas Sarkozy, qui avait déjà pris de fait le pouvoir en phagocytant la Chiraquie  [24], accrédite sa prise de pouvoir. Il obtient la seule chose qu'il n'a jamais tellement eu : une légitimité absolue. La France est tendue, la Fance craque. Ses tensions socio-économiques récurrentes lui pètent à la gueule. Mais M. Sarkozy peut mener sa "blitzkrieg aux Français, fût-ce au besoin en renforçant encore un peu plus la "violence physique légitime" de l'Etat.  [25]

 

 

 

 

 

 

 

Notes :

[1] Ce chiffre d’un sondage TNS-Sofres pour Le Figaro Magazine, a été publié le 22/06/2006 alors que la moitié du billet était déjà rédigé, et que l’autre moitié demeurait encore à l’état de pensée. Il ne fait que confirmer ce qu’on peut constater en parlant aux inconnus dans la rue (hommes, femmes, vieux, jeunes, actifs, inactifs, patrons, employés...).

[2] Disons le volet villepino-sarkozien de cette affaire Clearstream tentaculaire, dont on sait bien que le véritable enjeu ne se situe pas au sommet de l’Etat français mais bien au Luxembourg, dans les paradis fiscaux et dans les transactions informatiques liant ces différentes zones.

[3] Le ministre de l’Intérieur pourrait rester à son poste jusqu’à l’élection présidentielle de 2007. Au risque de provoquer de nouvelles tensions avec Dominique de Villepin, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy n’exclut pas de rester au gouvernement jusqu’à l’élection présidentielle, dans une interview publiée samedi 2 septembre par Le Figaro Magazine. (...) Soucieux de laisser planer le suspense, il ajoute qu’il ne dévoilera pas ses intentions "avant que l’UMP ait choisi de soutenir son candidat", lors du congrès prévu le 14 janvier 2007. Jusqu’à présent, Nicolas Sarkozy avait toujours laissé entendre qu’il quitterait le gouvernement au moment de la désignation du candidat UMP. Source : . Un internaute nous a signalé cet intéressant lien qui renforce l’hypothèse du présent billet, notamment la perspective de voir le Sarkozy-ministre de l’Intérieur utiliser la logistique de l’Etat au profit du Sarkozy-candidat à l’élection (ajout du 06/09).

[4] A ce titre, nous invitons tout lecteur se sentant interpellé par notre réflexion à exprimer son opinion sur le sujet... (comme d’hab’, les insultes, hors-sujets patents et publicités ne seront pas publiés).

[5] Contrairement à la situation française, les élections aux Etats-Unis se font Etat par Etat, avec des résultats qui se "neutralisent" les uns les autres pour aboutir finalement à ce que l’enjeu du scrutin se trouve concentré sur les votes d’un seul Etat. Les arbitres étaient la Floride en 2000 et l’Ohio en 2004 : les opérations de bourrage organisées par les républicains proches de l’administration Bush n’ont eu qu’à se focaliser sur ces scrutins précis.

[6] Comme le fît de façon républicaine Jacques Chirac en 1988.

[7] France-Info, 12/06/2006, tranche 14-16.

[8] Sarkozy l’a d’ailleurs bien compris, en matraquant son positionnement de "rupture" depuis de longs mois...

[9] La pathétique guerre Villepin-Sarkozy ne doit pas faire illusion, tant ce genre de déchirements intra-camp est logiquement voué à une sanction pour les deux bélligérants qui, tout occupés à leurs égocentrismes démesurés, ne réalisent même pas -ou un peu tard...- qu’ils engrangent des points contre eux-mêmes.

[10] Ce qui est d’ailleurs la cause de la rage qu’il a déployé -et relance dès que le besoin s’en fait sentir- pour"neutraliser" Dominique de Villepin.

[11] Précision utile : il n’est absolument pas question ici d’insinuer que tant de gens sont disposés à participer à un trucage des résultats. Mais de rappeler simplement que la chaîne logistique des élections permet au ministre de l’Intérieur de disposer en temps réel de toutes les informations relatives au scrutin. Et chacun sait que disposer de l’info est le préliminaire à toute action.

[12] Les medias "mainstream" sont encore d’une influence considérable, et largement capable de donner des grandes directions à l’opinion du pays, n’en déplaise aux tenants du "Grâce à Internet, on est libre".

[13] Au soir du 25 février 2006, le taux de participation des militants fut de 78 % (10.975 votants). C’est Françoise de Panafieu qui arriva largement en tête des primaires UMP avec 40,7 % des suffrages exprimés (soit 4446 voix).(...) Les conditions dans lesquelles le scrutin du 25 février s’était déroulé furent néanmoins contestées. Pierre Lellouche dénonça des pratiques frauduleuses en visant particulièrement C.Goasguen : « Les scores sont conformes à un scénario écrit à l’avance ». Ce fut pourtant aussi avec ce dernier qu’il émit de fortes réserves sur la validité du vote par Internet où de Panafieu était arrivée largement en tête. Source : Wikipedia.

[14] Avec expérimentation de procédures de vote dématérialisé, s’effectuant partiellement via des tansactions informatisées.

[15] Lire Marianne daté 13-19/05/2006, ouvrant sa Une sur "Le coup d’Etat".

[16] L’histoire électorale ne s’est pas arrêtée en France, le 21 avril 2002... A ce propos, cette hypothèse nous paraît tout à fait plausible, et nous avons déjà eu l’occasion de dire qu’elle était sans doute la solution de facilité pour Nicolas Sarkozy .

[17] C’est ce que Nicolas Sarkozy a affirmé discrètement à plusieurs reprises dans les médias, juste avant que ne s’emballe "l’effet Ségolène".

[18] Car un résultat en 49/51 peut toujours plus facilement se manipuler sans que cela ne se voit trop en 51/49 si besoin est, qu’un résultat 55/45 par exemple.

[19] Exemples : "Ce sera difficile, ça se jouera comme toujours en France à 51/49, c’est-à-dire sur les marges", cité par Le Figaro 11/04/2006. "Cela se terminera à 50-50, ça se jouera à peu de chose", cité par AP 28/06/2006.

[20] Les medias "mainstream" comptent bien "façonner" cette élection présidentielle que beaucoup de Français vivent passionnément comme une suite de celle de 2002. Ainsi en publiant le 20/04/2006 un sondage TNS-Sofres-Unilog (donnant une hypothèse de second tour à Royal-51 et Sarkozy-49), Le Figaro explique qu’il s’agit du premier d’une série mensuelle jusqu’au scrutin.

[21] Mais réussissant néanmoins à échapper à toute Justice, des tribunaux ou des populations en colère.

[22] Echappera-t-il lui aussi à la Justice ?

[23] Cette image de George W. Bush est une pure construction iconique, de l’homme insoupçonnable de manoeuvres sur le scrutin, puisqu’il ne le voit que là, tranquillement loin de tout appareil d’Etat dans son intérieur entouré de ses proches... Reste que la manipulations de bourrage avaient été orchestrées des semaines en amont et par de discrets séides...

[24] A ce propos lire Marianne daté 13-19/05/2006, ouvrant sa Une sur "Le coup d’Etat".

[25] La police représente, selon Norbert Elias, la seule "violence physique légitime.

Sources : Ca se passe comme ça

Posté par Adriana Evangelizt

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