Pascal Payet s'est encore fait la belle
Enquête administrative après l'évasion de Pascal Payet
par Pierre Thébault
GRASSE, Alpes-Maritimes (Reuters) - Rachida Dati a fait savoir dimanche qu'une enquête administrative et un audit avaient été ordonnés après l'évasion en hélicoptère d'un truand marseillais de la maison d'arrêt de Grasse (Alpes-Maritimes).
La ministre de la Justice est venue dans la matinée dans cette prison se faire expliquer les circonstances de l'évasion, samedi, de Pascal Payet, 43 ans, un détenu particulièrement surveillé qui s'était déjà enfui en hélicoptère de la prison de Luynes, dans les Bouches-du-Rhône, en 2001.
"La garde des Sceaux m'a demandé de vous indiquer qu'une enquête administrative avait été ouverte sur cette évasion", a déclaré à la presse un proche collaborateur de Rachida Dati, après la visite. "Parallèlement, un audit sur la sécurité dans ce type d'établissement sera effectué."
La ministre n'a pour sa part fait aucune déclaration après sa rencontre avec le directeur de l'établissement pénitentiaire, des enquêteurs, des gardiens et des témoins de cette évasion unique dans l'histoire de cette prison.
Pascal Payet purgeait une peine de 30 ans pour le meurtre d'un convoyeur de fonds. Selon Maurice Barate, sous-directeur de l'état-major de sécurité à la direction de l'administration pénitentiaire, il s'est évadé avec la complicité d'un "commando de quatre hommes encagoulés et puissamment".
Ce commando avait détourné un hélicoptère en prenant en otage son pilote sur l'aéroport de Cannes-Mandelieu. Ils se sont posés sur le toit de la prison en début de service de nuit.
Les quatre complices ont découpé et ouvert deux portes "au moyen d'une disqueuse thermique", a expliqué Maurice Barate. "Ils sont entrés à l'intérieur du quartier d'isolement où il sont venus chercher Pascal Payet et sont repartis instantanément."
"L'opération n'a pas duré plus de cinq minutes", a poursuivi Maurice Barate. "La configuration du site ne permettait pas aux gardiens, dans les miradors, de tirer sur l'appareil et sur le commando. Ils étaient trop bas par rapport au théâtre de la scène et ont l'interdiction formelle de tirer sur un aéronef en vol ou posé, pour des raisons évidentes de sécurité."
TOUJOURS EN CAVALE
L'évasion s'est déroulée à l'heure de la relève. "Le personnel pénitentiaire n'a pas eu l'information sur le détournement de l'hélicoptère, il n'a donc pas pu se préparer au raid", a souligné Maurice Barate.
Dans cette prison de construction assez récente, des filets de protection sont installés au dessus des cours de récréation.
Il n'y en a pas, en revanche, au-dessus du local technique sur lequel l'hélicoptère s'est posé. "Des modifications vont être entreprises", a dit Maurice Barate. "
Pascal Payet était à la maison d'arrêt de Grasse parce qu'il était encore "prévenu" dans certains dossiers, a-t-il précisé. Compte tenu de sa dangerosité, il était régulièrement changé d'établissement - "tous les trimestres environ".
En 2003, deux ans après son évasion de Luynes, il avait lui-même fait évader par hélicoptère trois de ses amis détenus dans cette prison. Dimanche, il était toujours en cavale et les recherches se poursuivaient.
Pour Christophe Marquès, secrétaire général de Force ouvrière-pénitentiaire, cette affaire est l'illustration qu'il y a maintenant de plus en plus d'attaques venant de l'extérieur.
"Avec la ministre de la Justice, il va falloir qu'on se mette autour d'une table et qu'on discute des moyens à mettre en oeuvre pour contrer ces opérations de commando", dit-il.
"Ce n'est pas normal, quand un hélicoptère est volé, que nous ne soyons pas prévenus, il y a encore des failles dans le système, il faut y travailler, même si ça coûte de l'argent", a-t-il ajouté. "Il faut des établissements spécialisés pour ce type de détenus, qui n'ont rien à faire en maison d'arrêt."
"C'est un coup qui a été minutieusement préparé", estime pour sa part Laurent Germain, secrétaire général de l'UFAP, qui dit ignorer si Pascal Payet a pu bénéficier de complicités à l'intérieur de la prison.
"Mais le commando était quant même bien au courant du fonctionnement de la structure grassoise", ajoute-t-il cependant. "Moi, je m'interroge. En tout cas, ce détenu aurait dû être plus protégé (...) Face à un hélicoptère, on ne peut rien faire".
Sources Le Monde
Posté par Adriana Evangelizt