Sarkozy: du "bling bling" au "gong gong"

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Sarkozy: du "bling bling" au "gong gong"


Propos recueillis par Bérengère Guy


"Plus sobre qu'à son habitude", Sarkozy a versé dans le mysticisme lors de sa conférence de presse. Le sociologue Denis Muzet revient sur la nouvelle posture d'un président adepte du contre-pied.

Y'a-t-il eu des changements dans l'attitude de Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse de mardi dernier?


Sur la forme, la mise en scène de la conférence avait des allures gaulliennes et le présentait comme un président plus sobre, plus profond. Sur le fond par contre, j’ai été assez surpris de constater une rupture radicale dans son discours. Il s’est déclaré plus attaché à l‘homme, aux valeurs morales, qu’à ses sujets de prédilection, comme l’économie, le fameux “travailler plus pour gagner plus”. Sarkozy pratique l’art du contre-pied. Fin 2007, le président s’encanaillait au côté du Colonel Kadhafi, chef de l’Etat libyen et dictateur, et affichait ouvertement sa relation avec Carla Bruni. Début 2008, il se présente comme quelqu’un de plus mystique, de plus sage. D’un président "bling bling" qui dévoile de sa vie privée, qui parle de réussite économique, on passe à un président "gong gong" (en référence à l'instrument de percussion utilisé dans les temples bouddhistes, NDLR) - parlant d’un projet de civilisation, s’attachant à de grands idéaux. On est loin du président du 6 mai 2007! C’est comme si on avait deux présidents pour le prix d’un, finalement...

Est-ce que la mise en scène de sa vie privée est responsable de la baisse de sa popularité dans les sondages?


Peut-être. Tandis que les Français s'inquiètent pour leur pouvoir d’achat, ils voient leur président, qui prône le “travailler plus pour gagner plus”, s’amuser, passer des vacances au soleil, et les oublier. Forcément cela a créé une polémique et porte un coup à la popularité de Sarkozy. Mais en même temps, il reste toujours sur le devant de la scène. Relayées par les médias, les "cartes postales" de ses voyages en Egypte, en Corse ou encore en Libye restent un moyen de communication permanente par excellence.

Concernant l’attitude de Sarkozy, doit-on parler de scénarisation politique ou de dérapages incontrôlés?


Sarkozy a bien compris une chose: ce qui ne passe pas à la télévision n’existe pas. Sa stratégie de communication est fondée avant tout sur l’image de ses actions. Auparavant, aucun président n’agissait de la sorte. Pendant trop longtemps, ces hommes sont restés dans leur tour d’ivoire. Lui, il agit sur le terrain et c’est ce que les gens veulent. Sarkozy nous offre des épisodes formatés et structurés, comme des kits publicitaires prêts à consommer.

Denis Muzet est directeur de l'Institut Médiascopie et auteur, avec François Jost, du livre Le Téléprésident: essai sur le pouvoir médiatique

Sources L'Express

Posté par Adriana Evangelizt


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article