Sarkozy vu de l'UE : Une girouette qui inquiète

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Vu de l’UE Une girouette qui inquiète

de Jean Quatremer


Ses positions changeantes sur l’Europe agacent ses partenaires à Bruxelles.

En quelques mots, Janez Jansa, le Premier ministre slovène, a rendu public l’agacement que suscite le style Sarkozy en Europe : «Nous ne nous battrons pas pour être les vedettes, cela nous est égal», a lancé, le 16 janvier, devant le Parlement européen, celui qui préside l’Union pour un semestre. La Slovénie ne cherchera pas «le grandiose», mais «la substance», a-t-il ajouté, un rien méprisant. Une façon de dire que Ljubljana laisse sans problème la présidence clinquante à la France, qui lui succèdera le 1er juillet à la tête de l’Union…

Certes, personne à Bruxelles ne regrette Jacques Chirac, qui a laissé l’Europe en état de mort clinique après le «non» au référendum de 2005. Mais rares sont ceux qui voient en Sarkozy un grand Européen, tant les signaux qu’il envoie sont contradictoires. «On a vraiment l’impression que Sarkozy est soumis à deux influences contradictoires», analyse un diplomate. D’un côté, Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, europhile incontestable. De l’autre, Henri Guaino, conseiller spécial de Sarkozy, souverainiste patenté.

Pourtant, les débuts de Nicolas Sarkozy ont impressionné les Européens : oser faire campagne en expliquant aux Français qu’il ne soumettrait pas à référendum un nouveau traité reprenant la substance de la défunte Constitution était tout sauf évident. De même, sa visite, à peine investi, à la Commission européenne - une première pour un chef de l’Etat français -, sa présence à la réunion des ministres des Finances de la zone euro, en juillet, pour expliquer la politique économique française, ou encore l’organisation d’un 14 juillet «européen» ont laissé penser que la France était bel et bien «de retour en Europe», comme l’avait proclamé Sarkozy le soir de son élection.

Mais ensuite, les couacs se sont rapidement succédé : attaques lancinantes contre la Banque centrale européenne, refus d’amender une politique budgétaire désastreuse pour les finances publiques, projet confus d’Union euro-méditerranéenne et, last but not least, remise en cause des quotas de pêche. Jean-Pierre Jouyet, conscient que la France est en train de perdre une crédibilité difficilement reconquise, est monté au front jeudi à Bruxelles : « Nous devons plus que d’autres convaincre que nous savons jouer collectif : pour gagner, une équipe doit savoir jouer collectif… quand bien même il y aurait une star dans l’équipe.» La future présidence française de l’Union européenne, promet Jouyet, sera «modeste dans son style».

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article