Les sinistres kidnappeurs de Paris
Les sinistres kidnappeurs de Paris
par Sylvain Besson
La police a démantelé le gang de banlieusards responsable de l'enlèvement d'un jeune homme mort lundi, après avoir été torturé. Le «cerveau» de la bande s'est enfui.
Youssef Fofana, 26 ans, a un incroyable aplomb. Jusqu'à vendredi matin, il a harcelé au téléphone les proches du jeune homme retrouvé agonisant lundi au sud de Paris (LT du 17.2.06) et décédé peu de temps après. Il les a menacés de mort et a exigé une dernière fois la rançon que son groupe n'a pas réussi à obtenir après avoir séquestré et torturé l'otage durant trois semaines. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la police a arrêté 12 personnes âgées de 17 à 32 ans, toutes liées de près ou de loin à l'enlèvement.
Mais Youssef Fofana, qui se faisait appeler «Brain of the Barbarians», le «cerveau des barbares», s'est échappé. Connu de la justice pour des vols avec violence, il était activement recherché vendredi soir. La témérité et la cruauté dont il a fait preuve en harcelant la famille de sa victime malgré les recherches intensives de la police semblent typiques de la bande qu'il dirigeait.
Vendredi, le chef de la police judiciaire de Paris, François Jaspart, a décrit les ravisseurs comme un «gang de cités difficiles», structuré autour d'un «noyau d'amis d'enfance et de collège». Au sein de ce gang passablement désœuvré, Youssef Fofana se distinguait par son «astuce» et son «autorité naturelle». Après avoir grandi ensemble à Bagneux, dans la banlieue sud de Paris, les jeunes gens se seraient initiés aux activités criminelles en regardant des séries télévisées et en surfant sur Internet. Cela pourrait expliquer le jeu compliqué de demandes de rançon et de rendez-vous, finalement annulés, auquel ils se sont livrés durant l'enlèvement.
Le groupe était divisé en trois : les ravisseurs proprement dits, les geôliers et ceux qui devaient contacter les proches de la victime. Ils auraient bénéficié de la complicité de membres de leurs familles. L'appartement de Bagneux qui leur servait de cachot a été mis à disposition par une gardienne d'immeuble, qui aurait ignoré les activités de ses locataires.
L'otage aurait été séquestré nu, le visage couvert. Durant sa détention, il a été frappé, lacéré et brûlé si gravement qu'il n'a pas survécu à ses blessures. «Ce qui frappe, c'est l'extrême violence et [...] l'asocialité de ces jeunes», a déclaré le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin.
Pendant longtemps, les preneurs d'otage ont nargué la police par leur savante utilisation de technologies diverses (courriers électroniques, appels passés par Internet ou depuis des portables volés).
La percée dans l'enquête est intervenue mardi. Les autorités ont alors diffusé le portrait-robot d'une jeune femme blonde, les cheveux mi-longs. Elle avait été chargée par le groupe de séduire des otages potentiels et de les attirer dans un traquenard. Reconnue par ses proches grâce au portrait-robot diffusé par la presse, elle s'est livrée à la police jeudi et a dénoncé ses complices.
Elle a affirmé avoir ignoré le sort qui attendait les hommes qu'elle devait approcher. Le gang aurait tenté d'enlever six ou sept autres personnes depuis décembre, en utilisant comme appâts deux autres jeunes femmes qui étaient encore recherchées vendredi.
A ce stade, le crime semble avoir été motivé uniquement par l'argent : les ravisseurs ont demandé des rançons variant de 450000 à seulement 5000 euros. Mais l'affaire a aussi suscité une forte émotion dans la communauté juive à laquelle appartenait la victime. Les séductrices employées par le gang ont prospecté dans un quartier de l'est de Paris où l'on trouve de nombreux magasins juifs. Vendredi, pourtant, les autorités ont estimé que le meurtre n'avait pas de caractère antisémite.
Sources : Le temps
Posté par Adriana Evangelizt