1 - Le sionisme est partie intégrante de l'Etat français

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Alors lisez... régalez-vous. Vous allez voir comment la France s'est laissé ensionistée par les organisations sionistes sises sur notre sol. Notre grand-mère disait, il y a plus de vingt ans...  "les sionistes, tu leur donnes le petit doigt, il te bouffe tout le reste. Et bien, il en sera de même pour la Palestine. Ils y ont mis un pied, ils prendront tout. Il ne faut jamais jamais mettre un sioniste dans son gouvernement, sinon c'est foutu." On voit où l'on en est aujourd'hui avec Sarkozy et ses sbires.

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Le Sionisme est partie intégrante de l'Etat français

Par Comité Action Palestine

Nous avons choisi de présenter le livre “La défense des intérêts d’Israël en France” de Marc Hecker car il aborde la question centrale des rapports de l’État français au sionisme, et rares sont les travaux en France sur cette question épineuse. D’autre part, le livre de Marc Hecker est riche en informations historiques et a le mérite d’être synthétique.

La première partie analyse les relations de l’État français à l’État d’Israël en montrant les différences de politique étrangère entre la droite et la gauche ou entre les périodes historiques. La deuxième partie plus sociologique veut mettre en lumière les mécanismes par lesquels les institutions et les organisations pro-israéliennes cherchent à influencer les dirigeants français.

Cependant le contenu idéologique de la recherche de Marc Hecker, ses accointances avec le sionisme malgré le ton objectiviste adopté, nous ont poussés à développer un commentaire critique.

Ainsi nous avons essayé de montrer le caractère déficient d’une thèse selon laquelle la défense des intérêts d’Israël en France consisterait uniquement dans le travail des organisations pro-israéliennes qui agiraient sur l’État de manière extérieure par les seuls moyens de l’information et des manifestations.

Nous avons voulu en revanche expliquer que le sionisme est partie intégrante de l’État français et que ce courant n’a pas cessé de croître - même s’il a été contenu sous l’ère gaulliste - au point de devenir dominant aujourd’hui.

Chapitre 1 : L’évolution de la politique française au Moyen-Orient de 1945 à 1969
De 1945 à 1969, la politique française proche-orientale va se transformer profondément, la césure correspondant à l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir en 1958. La 4ème République va intensifier ses échanges avec Israël et choisir cet État comme allié dans la région tandis que la période gaullienne sera marquée par une détérioration croissante des relations franco-israéliennes.

I-Les relations franco-israéliennes sous la 4ème République : l’âge d’or

De 1945 à 1958, les relations franco-israéliennes vont connaître une période faste, tranchant avec les rapports du passé même si la France avait acceptée la Déclaration Balfour de novembre 1917 prévoyant la création d’un « foyer national juif en Palestine ». L’importance de la coopération se situe surtout au niveau militaire, la France fournissant matériel et savoir-faire technique.Le 29 novembre 1947, la France vote le « plan de partage » de la Palestine pour marquer un tournant symbolique après le régime de Vichy.Dans les années 1950, les relations avec Israël vont en s’améliorant parallèlement à la dégradation des relations avec les colonies. En effet l’alliance avec Israël est un moyen d’affaiblir les États arabes solidaires des mouvements de résistance, en particulier l’Egypte de Nasser.

En 1953 est signé un premier accord de coopération nucléaire.

En 1956 la crise de Suez a pour conséquence de renforcer la solidarité entre les deux États parce qu’est née à cette occasion une coopération stratégique et parce que l’alliance face aux États arabes est apparue plus urgente encore.

En 1957, un nouvel accord de coopération militaire est signé qui permettra la construction de la centrale nucléaire de Dimona et la livraison du mode de fabrication de la bombe A.

Durant toute la 4ème République, les échanges militaires échappent totalement au Quai d’Orsay considéré comme anti-israélien et sont pris en charge par le ministère de la Défense favorable aux échanges avec l’État d’Israël.

A partir de la 5ème République, c’est le Quai d’Orsay qui prendra en charge toute la politique étrangère. Pour Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey dans Itinéraires de Paris à Jérusalem -La France et le conflit israélo-arabe (Les livres de la Revue d’études palestiniennes, 1992, tome 1, p 176), le renforcement des liens sous la 4ème République s’explique par le « puissant lobby pro-israélien » : le Comité français pour l’alliance France-Israël. S’y trouvent notamment Jacques Soustelle, Michel Debré, Pierre Koenig, François Mitterrand et Maurice Schumann.

Commentaire du CAP

Marc Hecker fait ici preuve d’un esprit de synthèse remarquable, il expose les faits importants de la coopération franco-israélienne sous la 4ème République en montrant que la complicité entre les deux États atteint un niveau inégalé. On y apprend notamment que la France est à l’origine de la fabrication de la bombe atomique israélienne. Mais la présentation des faits se veut « neutre », la mise au point de l’arme nucléaire par Israël allant de soi et l’implication de la France perçue comme un acte de « realpolitik ».

Or la neutralité en sciences sociales n’est pas synonyme d’objectivité, elle occulte les contradictions fondamentales qui existent dans la vie sociale, les rapports de domination, les conflits et les responsabilités politiques. La neutralité épistémologique est au bas mot une erreur théorique et le plus souvent une ruse pour masquer la réalité du système, comme sous la façade démocratique règne l’oppression, l’injustice, le racisme ou le colonialisme. Les intellectuels bourgeois sont les adeptes de cette neutralité épistémologique qui permet de se voiler la face et de tromper tout le monde. Car dire la vérité sur une société reposant sur les rapports sociaux de domination, c’est dénoncer. Le discours scientifique dans les sciences humaines est essentiellement critique et porte un savoir chargé politiquement.

La neutralité, dans la bouche de ses défenseurs, signifie non prise de position politique mais une telle posture est un non-sens. Le chercheur est déterminé, socialement, politiquement et il pourra se débattre dans tous les sens il ne se défera jamais de son conditionnement. « L’homme est un animal politique » disait Aristote dans son ouvrage La Politique . Par ailleurs toute connaissance dans les sciences humaines contient en soi la finalité de l’action et l’action est par nature politique. Le savoir qui conduit à l’action est donc forcément politique ou alors, s’il prétend ne pas y mener, il n’est rien d’autre que « ruine de l’âme ».

Si l’on considère maintenant la pensée en général, c’est-à-dire le savoir que produit une société ou des groupes sociaux, on observe qu’elle est déterminée par l’évolution historique, le stade particulier auquel est parvenue la société et l’état de développement des classes objectivement (degré de formation économique des classes) et subjectivement (niveau de maturation de la conscience de classe).

Ainsi la bourgeoisie révolutionnaire des 18ème et 19ème siècles a produit un savoir objectif dans les domaines de l’économie, de la pensée sociale et politique, de la recherche historique ou de la littérature. La connaissance accompagnait le développement d’un système économique, le capitalisme et l’essor de la bourgeoisie. Mais dès que le prolétariat a commencé à se constituer en classe sociale capable de menacer la domination des capitalistes, la pensée bourgeoise effrayée est rentrée dans l’ordre de la justification idéologique, de la légitimation et des recettes pour maintenir l’ordre social. Le stade impérialiste du capitalisme, défini comme étape ultime et pourrissement de ce mode de production, a accentué cette tendance à la réaction de la pensée, au conservatisme intellectuel et aux mensonges théoriques plus ou moins conscients.

Car penser l’impérialisme, c’est réfléchir sur la domination économique mondiale d’un nombre réduit de grands groupes, sur la violence et les dégâts de la colonisation, sur la déliquescence de tous les secteurs de la vie sociale et politique et in fine sur la mort prochaine du capitalisme. Evidemment, tout cela était inacceptable du point de vue de la cognition bourgeoise-impérialiste : les penseurs bourgeois ont vite fait de devenir des intellectuels-idéologues du système à l’image des néoclassiques ou des keynésiens en économie, des wébériens ou des durkheimiens en sociologie, des néokantiens ou des heideggériens en philosophie, des behaviouristes ou des freudiens dans les disciplines du psychisme. Les démocraties bourgeoises-impérialistes du début vingtième siècle ont donc généré les doctrines réactionnaires quand il s’agissait d’étouffer les contestations internes ou racistes quand il fallait écraser les colonies, en somme elles ont concocté des magmas idéologiques justifiant l’asservissement des peuples et dénués de toute portée euristique. Elles sont exactement le contraire de ce qu’elles prétendent être à savoir des « paradigmes scientifiques politiquement neutres » si jamais une telle expression ait eu un sens. Pour les désigner, il faudrait parler plutôt de paradigmes non scientifiques politiquement chargés. C’est pourquoi la gnoséologie doit replacer la pensée et le savoir humain dans leur dimension historique et politique et ne pas se laisser bercer par l’illusion ou le mensonge de la neutralité épistémologique.

Ainsi Marc Hecker, adepte de cette neutralité épistémologique, ne nous dit rien sur les courants politiques au sein de l’État français et les dirigeants qui ont permis à Israël de fabriquer sa bombe. Or, c’est la gauche de l’époque, la SFIO, ancêtre du Part Socialiste, qui a poussé au maximum la collaboration avec Israël et c’est Guy Mollet, président du conseil en 1956-1957, qui a pris la décision de fournir l’arme atomique à Israël. C’est ensuite le gouvernement du radical-socialiste Bourgès-Maunoury qui a signé l’accord de coopération nucléaire aboutissant à la fabrication de la centrale de Dimona et de la bombe A. Du coté israélien, c’est Shimon Peres, leader du Parti travailliste, qui a été l’architecte et le négociateur de la collaboration nucléaire franco-israélienne.

II-La période gaullienne ou la dégradation progressive des relations franco-israéliennes
De 1958 à 1962 la France maintient des relations satisfaisantes avec Israël en raison de l’opposition des pays arabes à la France pendant la guerre d’Algérie (seul le Liban n’avait pas rompu les relations diplomatiques avec la France) mais la coopération militaire et nucléaire est interrompue, le général de Gaulle n’acceptant plus les « abusives pratiques de collaborations établies, depuis l’expédition de Suez, entre Tel-Aviv et paris et qui introduisaient en permanence des israéliens à tous les échelons des états-majors et des services français » selon ses propres mots.

A partir de 1962, avec l’indépendance de l’Algérie, la France renoue avec les États arabes qui avaient soutenu les mouvements de décolonisation. Le virage de la politique proche-orientale française est amorcé et c’est l’argument économique de l’importance des marchés arabes relativement au marché israélien qui est avancé.

De 1962 à 1966, les relations avec Israël restent malgré tout cordiales. La rupture a lieu en 1967, lorsque débute la guerre israélo-égyptienne et que la France décrète un embargo sur les armes qui n’affecte en pratique qu’Israël parce que les cinquante mirages 5 qu’Israël avait déjà commandés et payés ne seront pas livrés. La France vote le 22 novembre 1967 la résolution 242 qui exige le retrait des forces israéliennes des territoires occupés. Cinq jours plus tard, le général de Gaulle qualifie les Juifs de « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ».

En 1969, après le bombardement de l’aéroport de Beyrouth par l’aviation israélienne, la France durcit ses sanctions à l’égard d’Israël. Alain Dieckhoff dans son article « La France, Israël et les Palestiniens, 1945-1990 » (Regards sur l’actualité, n°169, mars 1991) considère que c’est « l’ultime paraphe apposé sur l’acte de divorce entre de Gaulle et les dirigeants de l’État hébreu ».

Commentaire du CAP

Marc Hecker insiste à juste titre dans ce chapitre sur le relâchement des liens franco-israéliens, le recentrement de la politique proche-orientale sur la base des intérêts économiques nationaux et donc le rapprochement de la France avec les pays arabes. Un rapprochement tel qu’il conduit au moment de la guerre des Six Jours à l’exacerbation des tensions avec Israël. Mais il a tort de dire que, dès l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir en 1958, la coopération militaire et nucléaire a été interrompue. Bien au contraire, c’est sous le Général de Gaulle que l’Accord de coopération nucléaire de 1957 a été concrétisé et finalisé. Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey constatent l’ambiguité de la politique gaullienne : « Surtout, ce fut sous de Gaulle que la coopération nucléaire avec Israël alla jusqu’au bout de ses virtualités. Le trouble vient de là : le relâchement progressif des relations avec Israël, dont les signes sont partout tangibles, comme on le verra dans le chapitre suivant, n’affecte pas la coopération nucléaire ou, du moins, il ne l’affecte que tardivement et partiellement ». (Op.cit., tome 1, p 185) . Si au niveau du discours le général de Gaulle a déclaré la cessation de la coopération nucléaire avec Israël, il n’a en revanche donné aucun ordre écrit pour cela et les techniciens français ont travaillé à Dimona jusqu’en 1969.

III-La guerre des Six Jours, un tournant dans l’engagement en faveur d’Israël
L’année 1967 constitue un tournant pour la diaspora qui dans son ensemble va faire corps avec l’ État d’Israël. En France, au début de la guerre des Six Jours, a lieu une importante manifestation en faveur d’Israël (30000 personnes) et contre le gouvernement français et de Gaulle. Dans le même temps, un soutien financier est organisé en faveur de l’État d’Israël qui permettra de récolter en trois jours un milliard de centimes. Les Juifs avaient peur d’un nouvel holocauste en raison de l’isolement d’Israël en 1967 par opposition à la crise de Suez qui avait vu la participation de la France et de l’Angleterre aux côtés du gouvernement Ben Gourion.

La guerre des Six Jours a joué un rôle de révélateur pour les Juifs de France et les plus « modérés » ont déclaré leur attachement à Israël. C’est ainsi que s’exprime Raymond Aron, qui se définit comme non sioniste, dans son livre De Gaulle, Israël et les Juifs (Plon, 1968, p 35) : « Mais je sais plus clairement qu’hier, que l’éventualité même de la destruction de l’État d’Israël […] me blesse jusqu’au fond de l’âme. En ce sens, j’ai confessé qu’un juif n’atteindrait jamais à la parfaite objectivité quand il s’agit d’Israël ».

Concernant les sentiments de Gaulle vis-à-vis d’Israël, les avis au sein de la communauté juive divergent. Des personnalités comme Théo Klein considèrent que de Gaulle n’avait aucune hostilité envers les juifs mais seulement des doutes sur le sionisme; pour Elie Barnavi, c’est après le départ de de Gaulle que l’hostilité de principe à Israël apparaît.

Commentaire du CAP

Effectivement, la Guerre des Six Jours a servi de révélateur de l’attachement des Juifs à Israël et de catalyseur de la mobilisation pro-israélienne en France et ailleurs dans le monde. Marc Hecker dresse en outre le constat suivant que la période gaullienne a laissé des impressions partagées au sein de la communauté juive.

Mais l’auteur ne dresse pas lui-même de bilan sur la politique proche-orientale sous de Gaulle à savoir son caractère pro-arabe ou pro-israélien et évite ainsi d’aborder le problème à la racine. Il cite les avis de certaines personnalités juives et ces avis sont censés faire office de constat objectif. C’est là une fausse objectivité qui confond les représentations c’est-à-dire la subjectivité avec le réel. Au mieux ces citations font argument d’autorité. Au contraire la méthode qui veut tendre à l’objectivité doit juger les représentations au diapason du réel analysé par le chercheur.

Etant donnés les changements apportés par la 5ème République sous de Gaulle par rapport à la 4ème République dans les relations avec Israël, beaucoup y ont vu une rupture et le passage d’une politique pro-israélienne à une politique pro-arabe. Le rapprochement de la France avec les États arabes et indirectement la dégradation des relations avec Israël peuvent s’expliquer ainsi que le signale Marc Hecker par le paradigme réaliste selon lequel l’État français ne suit que ses intérêts, mais cette explication ne vaut que dans une certaine mesure. Car la politique menée par un État n’est pas le produit pur et simple de la rationalité des décideurs mais en grande partie la résultante d’un champ de rapports de force au sein de cet État. Si la 4ème République se caractérise par l’avènement et la prépondérance d’un cercle sioniste au sein de l’État français que Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey appellent « lobby pro-israélien », la 5ème République à ses débuts voit l’essor d’une catégorie de dirigeants nationalistes emmenée par de Gaulle et qui va s’opposer à ce cercle sioniste dans la définition de la politique étrangère. Ainsi s’expliquent les changements opérés dans la politique proche-orientale depuis 1958 mais aussi le maintien de bonnes relations diplomatiques avec Israël jusqu’en 1966 et de la coopération nucléaire jusqu’en 1969. De Gaulle, sans doute opposé à cette collaboration militaire, devait la laisser se poursuivre car, ayant déjà imprimé un virage important aux relations franco-israéliennes, il était dans l’obligation de faire des concessions au cercle sioniste.

Chapitre 2 : La position de la France à l’égard d’Israël de Georges Pompidou à Jacques Chirac : le poids de l’héritage gaullien

De 1969 à 2005, on peut distinguer trois périodes dans les relations franco-israéliennes : une permanence de mauvaises relations sous Pompidou et Giscard d’Estaing, puis une embellie sous Mitterrand et enfin des relations en dents de scie sous Chirac.

I- 1969-1981 : Dans la droite ligne de la « politique arabe » de la France
Durant cette période, les deux chocs pétroliers prouvent la nécessité d’un dialogue privilégié avec les États arabes. De plus, certains États pétroliers sont parmi les meilleurs clients d’armement de la France. Les liens avec Israël aux yeux des dirigeants français paraissent dès lors secondaires et Pompidou va alors développer une politique pragmatique fondée sur les intérêts de l’État français au Moyen-Orient, ce qui implique un rapprochement avec les États arabes.

A la fin de l’année 1969, l’incident des vedettes de Cherbourg est l’élément qui va envenimer les relations franco-israéliennes. Les services secrets israéliens déjouent l’embargo sur les armes en vigueur depuis 1967 puisque les cinq vedettes qu’Israël avait acheté à la France et qui étaient restées au port de Cherbourg en vertu de cet embargo ont disparu pendant la période de Noel.

L’explication avancée, c’est que les navires auraient été achetés par la Norvège et seraient en direction pour ce pays. Mais quelques jours plus tard, les vedettes font leur entrée au port d’Haïfa. C’est un véritable camouflet pour le gouvernement français. En représailles, La France vend en janvier 1970 des mirages à la Libye, ce qui scandalise le pouvoir israélien, considérant que la France ne respecte pas l’embargo sur les armes qu’elle avait décrété. En novembre 1970, la France participe au vote de la résolution 2628 qui stipule que « le respect du droit des palestiniens est indispensable à l’établissement d’une paix juste et durable au Proche-Orient ».

La France agit aussi dans le cadre de l’Europe des Six pour le règlement des conflits au Proche-Orient.

Pompidou a suivi la voie tracée par de Gaulle et cette politique sera poursuivie par Giscard d’Estaing qui veut faire reconnaître le fait national palestinien sur la scène internationale. En 1975, l’OLP obtient le droit d’ouvrir à Paris un « bureau de liaison et d’information ». En janvier 1977, la France refuse d’extrader vers Israël Abou Daoud, responsable de l’assassinat de plusieurs athlètes israéliens aux jeux olympiques de Munich de 1972. Il sera finalement expulsé quelques jours plus tard vers l’Algérie. En 1980, Giscard d’Estaing affirme son soutien à l’autodétermination des Palestiniens.

De 1974 à 1981, la France s’est engagée plus fortement pour la cause palestinienne que jamais par le passé. Dans ce contexte, deux associations, Renouveau juif, fondé à la fin des années 1970 par Henri Hajdenberg et Socialisme et Judaïsme, crée en 1978 par Jacques Attali et Robert Badinter entre autres, appellent à voter pour le Parti Socialiste aux élections présidentielles de 1981.

Commentaire du CAP

Les faits essentiels sont là et présentés avec concision, la tendance à la dégradation des relations franco-israéliennes est très bien montrée avec le tournant de l’incident des vedettes de Cherbourg. Mais on peut reprocher à l’auteur de s’arrêter à la description des événements politiques sans voir ce qui les sous-tend au niveau de l’appareil d’État français, c’est-à-dire les luttes entre les factions politiques, entre les « amis d’Israël » et les tenants d’un nationalisme français rayonnant dans le monde arabe. Par exemple, l’affaire des vedettes de Cherbourg n’est pas questionnée. Or, il est évident que les embarcations n’auraient pas pu disparaître sans des complicités pro-israéliennes au sein de l’État français.

II-François Mitterrand et le Proche-Orient : les espoirs déçus des tenants d’Israël
L’accession de Mitterrand à l’Elysée suscite des espoirs chez les tenants d’Israël pour plusieurs raisons : des personnalités importantes du PS ont des affinités à l’égard d’Israël comme Albert Gazier, Jean Poperen, Robert Pontillon ou Gaston Deferre ; le souvenir de l’âge d’or de la 4ème République est encore présent ; enfin, la personnalité de Mitterrand plait aux défenseurs d’Israël.
Mitterrand a toujours montré une attention particulière pour Israël. Il a défendu la cause des passagers de l’Exodus au début de sa carrière et c’est lui qui a annoncé publiquement la reconnaissance de l’État d’Israël par la France. En 1971, il a envoyé son fils Jean-Christophe vivre trois mois dans un kibboutz. En 1981, il annule la « directive Barre » qui autorise les sociétés françaises à cesser leurs relations avec Israël si elles estiment leurs intérêts menacés.

En 1982, Mitterrand effectue la première visite officielle d’un président français en Israël et à la Knesset il proclame « l’irréductible droit de vivre » de l’État israélien.

Au début du septennat de Mitterrand, deux éléments viennent cependant perturber les bonnes relations avec Israël : d’une part, la nomination du pro-palestinien Claude Cheysson au Quai d’Orsay qui fera contrepoids aux sympathies mitterrandiennes pour Israël et d’autre part l’engagement français au Liban en 1982, à l’initiative du nouveau ministre des Relations extérieures, qui permettra l’évacuation des combattants de l’OLP encerclés par l’armée israélienne.

Mais les relations franco-israéliennes, bien que parfois tumultueuses, vont continuer à se développer. En 1983 est signée une convention entre les deux États sur l’encouragement et la protection réciproque des investissements. En 1984, Laurent Fabius crée l’Association franco-israélienne pour la recherche scientifique et technique. La même année, Mitterrand reçoit le prix Simon Wiesenthal en reconnaissance de son soutien à Israël. En 1987, le premier ministre Jacques Chirac, considéré comme un fervent gaulliste, se rend en Israël.

Cependant, la réception de Yasser Arafat à l’Elysée en 1989, perçue par beaucoup de Juifs comme une trahison, crée de nouvelles tensions. En 1990, lors de la crise du Golfe, la France tente dans un premier temps de jouer un rôle de conciliateur puis s’engage finalement dans le conflit en janvier 1991. Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey en tirent la conclusion suivante : « la politique arabe de la France n’existe plus » (Op.cit., tome 2, p 444). Mais les partisans d’Israël considèrent que la France a trop tergiversé. En fait, Mitterrand a été fidèle à sa « politique d’équilibre » sur les questions proche-orientales ainsi que l’affirme Dominique Strauss-Kahn alors président socialiste à la commission des finances à l’Assemblée nationale.

Mitterrand a incité les israéliens à négocier avec l’OLP et Arafat dans l’intérêt d’Israël car il pensait que c’était le seul moyen d’obtenir la sécurité pour l’État d’Israël. Mitterrand a été le président de la 5ème République le plus soucieux des intérêts d’Israël. La légitimation de l’OLP par Mitterrand a abouti à la Conférence de Madrid en 1991 qui est à l’origine des Accord d’Oslo de 1993.

Commentaire du CAP

Là encore, Marc Hecker prend soin d’exposer les faits saillants de l’époque et on peut lui reconnaître le mérite de ne pas éviter les problèmes. Mais le traitement des faits, leur analyse sont pour le moins très discutables. Tout d’abord la caractérisation de la période mitterrandienne. Celle-ci est présentée comme une période contradictoire de la politique proche-orientale qualifiée de « politique équilibrée », comme une avancée en demi-teinte des intérêts sionistes en France. Or la soi-disant « politique équilibrée » reflète davantage les agissements de la politique proche-orientale française sous les gouvernements de droite (1958-1981) lorsque la France cherchait à promouvoir ses intérêts dans le monde arabe tout en ménageant Israël.

Avec Mitterrand, au contraire, la « politique équilibrée » vole en éclat et s’opère un changement de cap en faveur d’Israël qui ne sera jamais remis en cause par la suite. Au sommet de l’État, de nombreuses mesures sont prises pour développer la collaboration économique, militaire et scientifique avec le pouvoir israélien. Le sionisme devient une composante officielle de l’État français avec l’accession à des postes clef de partisans viscéraux d’Israël comme Fabius, Strauss-Kahn, Kouchner, Attali ou Gayssot. C’est aussi sous l’ère Mitterrand que les idéologues sionistes comme Bernard Henri-Levy, André Glucksmann, Alexandre Adler font leur entrée fracassante dans les medias.

Ensuite, la place qui est faite par l’auteur aux analyses critiques du sionisme et à celles des sionistes. Jusque là Marc Hecker semblait accorder une importance égale aux citations des deux bords : d’un côté, Théo Klein, Elie Barnavi et Raymond Aron et de l’autre Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey ou encore Alain Dieckoff. Cette pseudo-égalité dans les références ne peut pas faire office d’objectivité dans la mesure où l’égalité n’existe pas entre Israéliens et Palestiniens sur le terrain. On ne peut pas placer sur le même plan colonisateurs et colonisés de même qu’on ne peut pas considérer équivalentes l’idéologie de la domination et sa critique.

L’auteur est certes victime d’une fausse conception épistémologique mais cette explication est insuffisante pour cerner la totalité du personnage. Car il s’appuie sur Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey pour dire que « la politique arabe de la France n’existe plus », pour aussitôt démentir cette thèse en s’appuyant sur le mensonge sans fard de la « politique équilibrée » de Strauss-Kahn. De l’égalité de parole entre les sionistes et leurs critiques, Marc Hecker glisse subrepticement vers la promotion des « tenants d’Israël » comme il aime à les appeler. Son neutralisme masque mal son adhésion silencieuse à des positions sionistes.

A suivre...
Sources Mecanopolis
Posté par Adriana Evangelizt
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