Le doute grandit en Corse sur la culpabilité de Colonna

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Le doute grandit en Corse sur la culpabilité de Colonna

Alors que s'ouvre lundi le procès d'Yvan Colonna, soupçonné du meurtre du préfet Erignac, la Corse espère un procès juste, respectueux de la présomption d'innocence. Une pétition de soutien à l'accusé a recueilli 31000 signatures.

Yvan Colonna est jugé à partir de lundi, et pour un mois, devant la cour d'assises spéciale de Paris pour l'assassinat en 1998 du préfet de Corse Claude Erignac. La Corse qui avait massivement protesté à l'époque contre cet acte meurtrier, attend dans le calme ce procès, mais avec des doutes grandissants quant à la culpabilité de l'intéressé. Partout sur les murs des villes et villages, sur les poteaux télégraphiques, les voitures particulières, au dos des panneaux de signalisation, des affiches représentant Yvan Colonna ont été placardées.

Deux acquittements qui sèment le doute

Beaucoup d'insulaires ont en mémoire que deux des militants nationalistes condamnés en 2003 à 30 ans de réclusion criminelle dans le cadre de l'affaire Erignac, ont été acquittés trois ans plus tard, pour les mêmes faits - dans les deux cas, par des juges professionnels. "Les condamnations avaient semblé cohérentes mais, avec les acquittements, tout a basculé, tout le monde a commencé à douter, et l'idée de l'innocence de Colonna a fait son petit chemin dans les esprits", constate un magistrat sous couvert d'anonymat.

Jointe par l'AFP, Christine, la soeur d'Yvan Colonna fait la même analyse : "Ce procès a fait basculer l'opinion. Les plus sceptiques sur l'innocence d'Yvan se sont mis à douter. La conviction de ceux qui croyaient qu'il n'avait rien fait s'est renforcée. Et notre parole est devenue plus audible alors qu'avant, évoquer l'innocence de mon frère était tabou, voire offensant".

Une pétition recueille 31000 signatures

La désignation publique - au plus haut niveau et à plusieurs reprises - d'Yvan Colonna comme auteur de l'assassinat, a renforcé la conviction de beaucoup de Corses qu'ils étaient confrontés à une manipulation : "Pourquoi en faire autant ? Ca donne l'impression qu'on veut nous persuader à tout prix de sa culpabilité", souligne un commerçant. Illustration de cette méfiance à l'égard de l'instruction : une pétition de soutien à l'accusé, réclamant "le retour à la normalité judiciaire et une justice équitable", circule depuis un an. Dans cette île d'à peine 270000 habitants, elle a recueilli, selon Christine Colonna, plus de 31000 signatures.

Figure emblématique du nationalisme corse, le dr Edmond Siméoni, aujourd'hui élu à l'Assemblée de Corse, assistera - comme plusieurs dirigeants nationalistes - à une partie des audiences. "Pour témoigner, a-t-il expliqué à l'AFP, de notre souci de voir se dérouler un procès juste et respectant la présomption d'innocence". Edmond Siméoni ne se prononce pas sur la culpabilité ou l'innocence d'Yvan Colonna. Mais comme de nombreux Corses, il doute de l'honnêteté de l'instruction,"qui s'est obstinée à ne pas laisser la défense s'exprimer".

"Gloire à toi, ô Yvan"

Signe de l'évolution des convictions : les "Gloire à toi, ô Yvan" bombés sur les murs à la suite du drame avaient révolté l'opinion et avaient été perçus comme une glorification de l'assassinat du préfet. "Ils sont aujourd'hui présentés comme un simple et affectueux coup de chapeau à un homme libre échappant à l'injustice", constate un policier.

Sources TF1

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans YVAN COLONNA

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