J'ai mal à l'image de la France
J'ai mal à l'image de la France. Et pourtant... GO GO France !
par André A. Lafrance
professeur-chercheur au Département de communication de l’Université de Montréal et professeur associé à la Chaire en relations publiques de l’Université du Québec à Montréal. Il a publié une quinzaine de livres sur les communications publiques et sociales.
Si cela va mal dans l’Hexagone, je ressens une tristesse, non seulement parce que ce « mal » crée de l’inconfort à de nombreux amis français (sans compter celui que vivent les étudiants et touristes québécois qui s’y trouvent), mais aussi parce qu’il nuit à l’image du modèle français de société dont le Québec ne peut s’empêcher de s’inspirer tout en déclarant (ou en espérant) vouloir s’en différencier.
Beaucoup d’autres l’ont dit avant moi. La France n’est pas un pays facile à diriger. Il n’est même pas un pays facile à... fréquenter. On ne sait jamais quand on y sera confronté à un mouvement social, une grève générale ou un débrayage sectoriel... Si on doit passer par Paris ou s’y arrêter pour aller de Montréal à une autre ville d’Europe, d’Afrique ou d’Asie ou en revenir, il vaut toujours mieux prévoir un « coussin » de 24 heures supplémentaires. Rien ne garantit qu’on pourra atterrir à l’heure prévue, avoir ses valises dans un délai raisonnable ou utiliser le RER et la ligne de métro qui devraient mener à un rendez-vous en centre de Paris. La France est toujours pleine de ce genre de « surprises », quand ce ne sont pas les « ponts » ou les week-ends prolongés qui, surtout en mai, empêcheront nos interlocuteurs de rester au bureau... ou même en ville... le temps de notre visite.
Oui. Mais c’est quand même la France où... le trio de McDo s’appelle un « best of », la gestion est devenue le « management » et le café du coin, un StarBuck !
Un problème d’image ? Certes les événements de ces dernières semaines rendent les Français moroses. Ce qui fait dire à l’éditorialiste du journal français du monde des affaires « Les Échos » que la France a mal à son image. Évidemment les journalistes des autres pays de la communauté européenne et ceux des États-Unis décrivent « à cœur joie » l’impossibilité pour les Français d’assumer les changements nécessaires pour tenir compte de leur situation économique. Le pays de la Révolution serait-il devenu celui de la Réaction ?
En fait, il s’agit d’un bien mauvais procès d’intention. Certes les Français semblent s’accrocher aux quelques protections sociales que la globalisation ne leur a pas enlevées. Mais... les journalistes étrangers qui dénoncent cette « particularité française » oublient de mentionner qu’en Grande-Bretagne les fonctionnaires locaux sont en grève pour s’opposer à tout changement à leur programme de retraite et qu’en Allemagne, le puissante syndicat de la métallurgie a lancé des grèves d’avertissement pour défendre le haut niveau traditionnel d’augmentation périodique de salaire auquel sont habitués les 3,4 millions d’employés de ce secteur. Particularité française ?
Pour ce qui est de son diagnostic, je crains qu’il ne doive s’appliquer à la plupart des pays dits « développés » ! Cette généralisation étant affirmée, espérons que ceux qui occupent la terre de mes ancêtres sauront, dans ce contexte, retrouver la vraie « particularité » de l’histoire de France : la capacité de construire une passerelle au-dessus du précipice vers lequel ses citoyens semblent, périodiquement, vouloir se lancer !
GO GO France ! (Je sais bien que ce n’est pas français. Mais, c’est Français !)
Sources : Armées com
Posté par Adriana Evangelizt