Deux salauds en stéréo

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Deux salauds en stéréo

par Pierre Marcelle

On a beau dire, la télé, ça sert encore parfois. Ça servit mardi à attraper sur LCI Arno Klarsfeld, alibi du ministre rafleur de sans-papiers, tandis que l'animateur d'informations Michel Field lui demandait de réagir à l'initiative de Lilian Thuram et Patrick Vieira, footballeurs bleus et noirs cependant, d'inviter soixante-dix gamins de Saint-Bernard (pardon... de Cachan) à assister à une confrontation franco-italienne ; «ils les invitent au stade, pas chez eux», grinça avec morgue l'avocat procureur, qui, ayant toute sa vie squatté la conscience de ses père et mère, sait de quoi il parle. La télé, ça servit encore mercredi à rencontrer sur F2 un vicomte, le cul posé sur son bureau, les bras croisés sur son bedon et le maxillaire voyou, aboyant à propos des mêmes footeux : «Ils jouent ici, ils placent leur blé au Luxembourg, et ils veulent nous donner des leçons, ces mecs-là ?» (sic). A propos de pognon défiscalisé, Philippe de Villiers, pour avoir squatté longtemps les coffres-forts de son copain Pasqua, sait de quoi il parle. Ce qui est bien, avec le jeune et benêt Klarsfeld, c'est qu'au fan-club de Sarkozy sa capacité à prostituer le barreau (qui n'a d'égale que celle du vieil Hallyday à prostituer le rock'n'roll) l'a définitivement transformé en accident professionnel. Ce qui est bien, avec le furieux et souverainement xénophobe Villiers, c'est que sa démagogie est telle qu'elle serait susceptible de retourner contre lui tout le public d'un stade de foot. Grâces soient donc rendues à l'un et à l'autre, dont les saillies nous ont fait mercredi applaudir une victoire française. (Sensation bizarre, pour tout vous dire, mais cependant agréable, en imaginant les gueules de «ces mecs-là» entendant monter les clameurs, lorsque des Nègres marquent des buts contre leur inhumanité.)
NB. «Sur le front», comme on dit à la télé, des sans-papiers, on nous signale qu'à Limoges le préfet a proposé mercredi à 43 personnes de se faire oublier en cessant leur grève de la faim ; ou de la poursuivre dans un avion. Balasko, Diagana et quelques autres leur avaient lundi dignement apporté leur soutien.
Sources : Libération
Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans VERITE

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