Mauritanie: Piste "très intéressante"

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Les médias racontent des conneries, nous sommes certains que ce n'est pas Al Qaïda qui a commis ce crime.

Mauritanie: Piste "très intéressante"

Par Elsa Guiol


Le Journal du Dimanche

L'enquête progresse en Mauritanie. Suspecté d'être l'un des trois tueurs des quatre touristes français lundi dernier, un homme de 35 ans, arrêté au Mali, se trouve entre les mains de la police locale. Il se dit "moudjahidine", confirmant un peu plus, si son implication est prouvée, la thèse de l'attaque terroriste. L'ex-GSPC algérien, très actif dans ces zones désertiques, est pointé du doigt.

Son profil correspond au signalement d'une des trois personnes suspectées d'avoir tué, lundi, quatre touristes français en Mauritanie et d'en avoir blessé un cinquième. Au moment de son arrestation, vendredi soir, dans le centre du Mali, cet homme de "type maghrébin", âgé de 35 ans, portait sur lui un pistolet automatique, une grenade, un téléphone satellitaire et avait la main bandée. Les enquêteurs, qui ont qualifié cette piste de "très intéressante", ont également retrouvé sur ce suspect une carte d'identité malienne au nom de Mohamed Ould Ahmed et un passeport algérien au nom de Belkassim Zaïoudi. "Il nous a dit qu'il est un moudjahidine", a précisé un gendarme malien. Depuis le début de l'enquête, neuf personnes ont déjà été arrêtées.

Très vite après l'attaque, une traque s'est organisée entre la Mauritanie, le Sénégal et le Mali, pour retrouver ses auteurs. Trois hommes armés d'un fusil d'assaut et de couteaux qui n'ont pas hésité a tué un père, ses deux fils, son frère et un ami, alors qu'ils s'apprêtaient à déjeuner au bord de la route, près d'Aleg, à 250 km au sud-est de Nouakchott. Les habitants ont rapidement pu donner aux enquêteurs le signalement des meurtriers présumés, qui conduisaient une Mercedes noire.

"Deux attaques en une semaine, c'est très nouveau"

Le principal suspect, Abou Saïd, un salafiste notoire considéré comme l'organisateur de l'attaque, a été arrêté le jour du crime, chez ses beaux-parents, à 3 kms au sud d'Aleg. Il est soupçonné d'avoir hébergé les auteurs des meurtres et d'avoir loué le taxi qui a servi à transporter ses hommes de main jusque vers la frontière sénégalaise. Le chauffeur a depuis été arrêté. "C'est un imam connu", précise Mohamed Khattatt, du quotidien Nouakchott info. Hier, le guide spirituel des islamistes en Mauritanie, cheikh Ould Dedaw, a vivement condamné, dans une fatwa, l'assassinat des touristes français qui constitue "l'un des plus graves crimes au regard de la charia islamique".

L'agression n'était toujours pas revendiquée hier, mais la justice mauritanienne privilégie désormais la piste terroriste. Abou Saïd a d'ailleurs été condamné, en août 2007, à deux ans de prison avec sursis pour activités liées au terrorisme. Et parmi les trois auteurs présumés de l'attaque, deux d'entre eux seraient identifiés comme des salafistes proches d'Al-Qaida. Ils avaient été arrêtés en 2006, pour appartenance présumée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, entre-temps devenu Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). L'un des deux hommes a été libéré sans inculpation, tandis que l'autre a été acquitté. Le parquet a fait appel. Selon la justice mauritanienne, le deuxième avait suivi "des entraînements militaires à l'extérieur du pays".

L'ombre de l'ex-GSPC algérien

La menace terroriste en Mauritanie, pays pourtant réputé paisible, inquiète de plus en plus les autorités. Trois jours après le meurtre des Français, quatre militaires sont ainsi tombés à leur tour dans une embuscade d'hommes armés, dans le nord-est du pays. Le Premier ministre a immédiatement qualifié les agresseurs de "terroristes", sans toutefois désigner l'ex-GSPC algérien, très actif dans les zones désertiques entre l'Algérie, la Mauritanie et le Mali. "Deux attaques en une semaine, c'est très nouveau, s'inquiète Alain Antil, chercheur à l'Ifri (Institut français des relations internationales), spécialiste de la Mauritanie. Je ne vois pas ce qui pourrait en empêcher d'autres. Mais on ne peut pas parler d'implantation du GSPC en Mauritanie, seulement de quelques individus." Hier, les principaux tour-opérateurs français spécialisés dans le tourisme d'aventure ont décidé de suspendre leurs circuits dans le désert mauritanien. "La Mauritanie est le pays le plus menacé de la région subsaharienne", confirme Alain Antil.

De son côté, la justice française a ouvert mercredi une enquête préliminaire. Trois enquêteurs arrivés vendredi soir à Nouakchott doivent se rendre "sans tarder" sur les lieux du crime et rencontrer les suspects interpellés à Aleg. Les corps des victimes ont été rapatriés vendredi soir. François Tollet, le seul rescapé, un retraité de 73 ans habitué à voyager chaque année en Mauritanie, a été transféré dans un hôpital de Lyon. Il est très gravement blessé à la jambe. "Ce qui le choque, a expliqué un de ses proches au Progrès, c'est que ça s'est passé en vingt, trente secondes. Ils n'ont pas eu le temps de négocier, ni de discuter ni rien du tout."

Le JDD

Posté par Adriana Evangelizt




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